Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/339

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— Ma fille ! interrompit don José en frappant du pied avec colère, prenez garde.

— Señorita ! au nom du ciel ! murmura don Torribio Moreno, que se passe-t-il donc ?… j’arrive à l’instant même… j’ignore complètement…

— Taisez-vous, señor ! s’écria la jeune fille avec violence, de quel droit osez-vous élever la voix ici ?

— Assez, ma fille ! s’écria don José ; vous épouserez don Torribio, je le veux.

— Non mon père, s’écria la jeune fille avec une énergie croissante, je mourrai plutôt que de consentir à devenir la femme d’un pareil misérable !

— Señorita ! s’écria don Torribio tout interloqué d’une si rude attaque et qui ne savait pas quelle contenance tenir.

Barthélemy riait sournoisement de la mine piteuse de son ami.

Doña Lilia essayait de donner courage à sa cousine et de la protéger contre la colère de son père.

Celui-ci aux dernières paroles de sa fille, eut un mouvement de rage terrible et faisant un geste de menace.

— Malheureuse ! s’écria-t-il, oserez-vous donc résister à ma volonté !

— Je ne veux pas épouser cet homme, reprit-elle d’une voix brisée par la douleur.

— Vous l’épouserez, vous dis-je, ou sinon…

— Tuez-moi donc alors ! s’écria-t-elle avec un accent de désespoir inexprimable.