Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/355

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

il lui sera facile, si elle le veut, de retrouver sa famille. Qui sait ? peut-être me trompai-je et existe-t-elle encore. J’ai oublié de vous dire que les ladrones exposés par la vie qu’ils mènent à être souvent à l’improviste séparés de leurs familles, ont la coutume de marquer leurs enfants. Doña Elmina porte au bras droit un tatouage bleu, grand comme un réal. Vous comprenez maintenant, n’est-ce pas, ma haine pour les ladrones, ces éternels ennemis que toujours j’ai rencontrés sur ma route ; et qui toujours m’ont vaincu ; vous comprenez combien j’ai dû souffrir de l’héroïsme de ce misérable qui, après m’avoir sauvé à Saint-Domingue d’un esclavage honteux, m’a, il y a une heure, dans ma maison même, imposé sa protection et si dédaigneusement laissé échapper, lorsque j’étais en son pouvoir. J’ai fini, mon ami. Partons maintenant.

Alors il se leva brusquement et détacha son cheval.

Son ami le suivit machinalement, en proie à une horreur indicible.

Cette épouvantable révélation l’avait atterré.

— Un mot encore, dit don José.

— Parlez.

— J’avais reconnu ce misérable qui devait être mon gendre, dit don José avec un ricanement terrible. Je savais qui il était. Le mariage que j’imposais à doña Elmina devait être ma dernière et ma plus complète vengeance !