Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/48

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sans souci des plats, des verres et des bouteilles qui, de l’intérieur, pleuvaient presque sans interruption sur elle, et mêlait ses applaudissements, joyeux à la gaieté frénétique des vingt-cinq on trente convives assis autour d’une immense table ronde, dans la grande salle.

C’était fête, ce soir-là, à l’Ancre-Dérapée, fête à la boucanière, sans frein et sans limite, où l’ivresse empourprait tous les visages, mettait l’éclair dans tous les yeux et la folie dans toutes les têtes.

Le capitaine Ourson Tête-de-Fer, l’un des plus redoutables boucaniers de l’île de la Tortue, avait le matin même enrôlé un équipage de quatre cent soixante-treize Frères de la Côte, choisis avec un soin tout particulier parmi les plus redoutables flibustiers qui se trouvaient alors à Port-Margot, à Port-de-Paix, ou à Léogane ; et la nuit même, au flot, son navire, la Taquine, devait quitter le mouillage de Port-Margot et faire voile pour une destination inconnue.

Mais le capitaine, avant son départ, avait voulu réunir tous ses vieux amis dans un dernier repas et les plus célèbres chefs de la flibuste, assis à sa table, trinquaient avec un indicible enthousiasme au succès de la mystérieuse expédition d’Ourson Tête-de-Fer.

Là se trouvaient réunis Monbarts l’Exterminateur, le beau Laurent, Michel le Basque, Vent-en-Panne, Grammont, Pitrians, l’Olonnais, Alexandre Bras-