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Tout en marchant à travers bois, son chien guettait sans cesse le gibier sauvage et chassait pour lui ; lorsqu’ils avaient pris quelque chose, maître et venteur partageaient fraternellement le gibier et le mangeaient cru.

Peu à peu l’engagé s’accoutuma à ce régime ; cette viande crue lui parut presque savoureuse ; il finit par reconnaître les remises du gibier ; la chasse devint plus productive ; bientôt il eut des auxiliaires dans de jeunes chiens sauvages et de jeunes sangliers qu’il trouva, qu’il instruisit, et dont le secours lui fut au bout de quelque temps très-utile.

Depuis quatorze mois environ, il menait cette existence extraordinaire, qu’il avait presque perdu l’espoir de voir finir un jour, lorsqu’il se trouva un matin à l’improviste, face à face, avec une troupe de boucaniers français.

Ceux-ci furent d’abord surpris et presque effrayés en l’apercevant ; il est vrai que son apparence n’offrait rien d’attrayant ni même de rassurant.

Il avait les cheveux et la barbe d’une longueur extraordinaire ; son vêtement se composait d’un reste de caleçon et d’un lambeau de chemise qui le couvraient tant bien que mal ; ses traits étaient hâlés, sa physionomie farouche ; un morceau de viande crue pendait à sa ceinture ; trois chiens et deux sangliers, d’apparence aussi sauvage que lui, le suivaient pas à pas.