Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/75

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sueur froide qui inondait son visage pâle comme celui d’un mort.

— Tu l’as dit, compagnon, répondit Ourson en relevant la tête ; tu es ruiné ; mais ce n’est pas tout, oublies-tu donc que nous avons encore une dernière partie à jouer.

— Je ne possède plus rien.

— Tu te trompes ; il te reste quelque chose encore que je veux te gagner.

— Quoi donc ?

— Ta vie ! s’écria-t-il d’une voix terrible ; t’imagines-tu par hasard que j’aie entamé avec toi cette lutte suprême pour le misérable plaisir de te dépouiller de cet or que je méprise ? Non, non, Boute-Feu, c’est ta vie qu’il me faut ! pour te la gagner, je te joue non-seulement toute ta fortune qui est mienne maintenant, mais ma vie encore. Le perdant se brûlera la cervelle, ici, immédiatement, devant tous.

Un frisson de terreur passa comme un courant électrique dans les rangs des Frères de la Côte à cette étrange proposition.

— Ourson ! c’est de la folie cela, s’écria Montbarts.

— Arrête ! arrête ! crièrent vivement plusieurs flibustiers.

— Frères, reprit Ourson avec un froid sourire, je vous remercie de l’intérêt que vous me portez, mais ma résolution est irrévocable ; d’ailleurs,