Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/85

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livres de balles ; de plus, voici cinq cents écus que vous partagerez entre vous.

Les pauvres gens, éblouis par un bonheur si subit, n’osaient ajouter foi a ce qu’ils entendaient ; ils lançaient des regards effarés autour d’eux, et, finalement, ils fondirent en larmes.

— Allez, leur dit le capitaine avec un accent de douce pitié, allez, amis, maintenant vos misères sont finies, vous êtes libres et Frères de la Côte.

Les acclamations éclatèrent de nouveau de toute part avec une force telle que les plus vieux boucaniers eux-mêmes, ces cœurs de bronze que rien ne pouvait émouvoir, se sentirent attendris ; c’était plus que de l’enthousiasme, c’était du délire, de la frénésie.

— Bien ! capitaine, dit M. d’Ogeron en pressant avec émotion la main d’Ourson, vous donnez un noble exemple ; c’est ainsi que nous parviendrons à régénérer ces natures égarées, mais généreuses ; vous me rendez ma tâche facile.

— J’essaye de marcher sur vos traces, monsieur, répondit respectueusement le capitaine ; je ne saurais avoir un meilleur modèle.

— Capitaine, avec dix hommes comme vous, dit à voix basse M. d’Ogeron, en un an cette magnifique colonie serait régénérée.

— Ou perdue, murmura-t-il d’un air pensif.

— Oh ! le croyez-vous donc ?

— Hélas ! nous ne sommes pas des hommes