Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/93

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s’étaient si bien enveloppées dans leurs vêtements, leurs mantilles et leurs rebozos, que, de leur visage, on n’apercevait que leurs grands yeux noirs, brillants comme des escarboucles et lançant à droite et à gauche des regards inquiets.

À quelques pas en arrière, les prisonniers espagnols suivaient à pied, le sombrero à larges bords rabattu sur le visage, et embossés jusqu’aux yeux dans les plis épais de leurs manteaux.

Les Espagnols, quelque temps qu’il fasse, pluie ou soleil, froid ou chaud, en Europe comme en Amérique ne quittent jamais leur capa ; c’est pour eux le vêtement indispensable par excellence.

Deux engagés d’Ourson Tête-de-Fer et deux engagés de Vent-en-Panne, le fusil sur l’épaule, les pistolets à la ceinture, la hache et l’étui de crocodile contenant des couteaux et des baïonnettes pendus au côté, marchaient sur les flancs de la colonne.

Les quelques habitants que les flibustiers croisèrent dans les rues, les saluèrent respectueusement en leur souhaitant bon voyage, mais sans témoigner une indiscrète curiosité ; les gardes placés à la porte de la ville levèrent la herse et baissèrent le pont-levis dès qu’ils les aperçurent, et bientôt la caravane se trouva en rase campagne.