Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/103

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Le docteur hocha tristement la tête.

— Ces messieurs sont unanimes pour l’amputation, dit-il.

Les sourcils d’Ivon Lebris se froncèrent il devint livide.

— La suppuration augmente, continua le docteur, l’enflure de la jambe gagne toujours et prend des proportions inquiétantes. Les chairs sont violacées ; ces messieurs craignent la gangrène. Il est question de désarticuler la cuisse au col du fémur.

— Et vous, docteur, que pensez-vous de cette opération ?

— Je la crois nécessaire.

— Sauvera-t-elle mon matelot ?

— Je n’oserais l’affirmer, cher monsieur Lebris, mais c’est la seule chance qui nous reste, bien que cette opération soit affreuse.

— Ainsi, vous affirmez qu’il n’y a plus d’autre moyen de sauver mon matelot ?

— Je ne dis pas cela !

— Que dites-vous donc alors, docteur ?

— Je dis que tous les autres moyens ayant échoué, il ne nous reste plus à tenter que celui-là.

— Bien ; mais une opération aussi grave ne saurait, dans aucun cas, être faite sans l’autorisation formelle du blessé ; tant qu’il ne l’aura pas donnée, je m’y opposerai. D’ailleurs, puisque la science se reconnait impuissante, j’ai le droit, à mon tour, d’essayer de sauver mon matelot.

— Vous, monsieur Lebris ?

— Moi-même. Là où les plus savants praticiens reconnaissent leur impuissance, il faut laisser agir les ignorants, ceux qui ne possèdent d’autre