Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/129

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presqu’à la même seconde, par un boulet et littéralement coupé en deux !

— Oh ! s’écria M. Maraval.

Il y eut un court silence.

Redevenu maître de sa douleur après un instant, don Carlos de Santona reprit d’une voix sourde :

— Je ne vous ai pas tout dit encore.

— Eh quoi ! quel épouvantable désastre me reste-t-il à apprendre !

Le vieillard se leva avec agitation, fit quelques pas à travers le cabinet, puis, tout à coup, s’arrêtant devant le banquier :

— Y a-t-il longtemps, lui demanda-t-il d’une voix tremblante, que vous n’avez reçu de nouvelles de votre ami le capitaine Olivier ?

M. Maraval se leva en pâlissant.

— Que voulez-vous dire ? s’écria-t-il aurions-nous un autre malheur à déplorer encore ?

— Répondez-moi, mon ami, je vous en prie !

— Depuis près de trois ans, je suis sans nouvelles de lui, répondit-il avec une crainte secrète.

— Eh bien ! je suis plus heureux que vous, reprit le vieillard avec amertume, j’en ai reçu, moi !

— Vous ? des nouvelles d’Olivier ?

— Pourquoi non ? Ne savez-vous pas que jamais je ne l’ai perdu de vue ?

— Pardonnez-moi, je crois que je perds la tête en ce moment ! Ces nouvelles sont mauvaises, sans doute ?

— Hélas ! oui, mon ami !

— Mon Dieu ! serait-il mort lui aussi ?

— Je l’ignore ; depuis plus de quinze mois il a disparu.