Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/131

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— Non ! murmura don Carlos, doña Dolorès seule était morte, foudroyée sur le coup ! L’ange était remonté au ciel !

— Pauvre chère enfant ! s’écria le banquier. Mais Olivier ?

— Olivier vivait ; mais ses blessures étaient affreuses ; il avait reçu dans la cuisse un éclat de bois de la muraille de son navire ; les médecins prétendaient lui faire subir une effroyable opération, lui désarticuler la cuisse au col du fémur.

— Et Olivier a consenti ? s’écria-t-il avec un tressaillement nerveux.

— Non ; un miracle le sauva : le hasard voulut qu’une Indienne lui fût amenée par son matelot Ivon Lebris, dont elle avait guéri plusieurs blessures fort graves ; cette femme entreprit la guérison de votre ami : elle réussit, on ne sait par quels moyens.

— Dieu soit loué !

— Ne vous réjouissez pas, don Jose : si les blessures du corps furent guéries, les blessures du cœur demeurèrent incurables. Olivier, à peine debout, passait des journées entières à pleurer sur la tombe de sa femme.

— Pauvre Dolorès, pauvre Olivier surtout ! Dolorès est heureuse, et lui souffre un horrible martyre !

— Vous avez raison, mon ami ; pauvre Olivier, en effet, car il est seul !

— Que devint-il alors ?

— Il pleura ainsi longtemps ; puis, un jour, il reprit le commandement de son navire et partit.

— Dans quelle direction ?

— On l’ignore.