Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/152

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d’éternelles délices dans les prairies bienheureuses de l’Eskennane.

Elle se tut, baissa la tête pour ne pas laisser voir les pleurs dont ses yeux étaient remplis, et elle attendit.

— Hugh ! s’écrièrent les trois Sachems avec une expression de surprise joyeuse.

Ils échangèrent entre eux un rapide regard, et, bondissant sur le sol plutôt qu’ils ne mirent pied à terre, ils s’élancèrent vers la vieille femme, à laquelle ils prodiguèrent les plus tendres caresses, avec une chaleur et un empressement qui témoignaient de la vive et profonde amitié qu’ils avaient conservée pour elle.

— Ma mère Mayava nous rend bien heureux ! dit l’Œil-Brillant, dont toute l’impassibilité indienne avait disparu pour faire place à la joie la plus vraie. Depuis bien des jours, nous attendions son retour. Notre cœur saignait d’une aussi longue absence.

— Nous nous informions à tous les étrangers ! aucun ne nous répondait, dit l’Oiseau-des-Prairies.

— Pourquoi ma mère s’en est-elle allée si loin ? ajouta le Bison-Rouge. Ne sait-elle pas combien elle a été aimée et respectée dans sa tribu ? Son retour sera une fête pour les Kenn’as-Castors, fête, plus grande que celle de la Lune de la Folle-Avoine !

— Ooah ! s’écria l’Œil-Brillant, l’Opossum et l’Églantine-Sauvage ne seront plus tristes maintenant ! la joie inondera leur cœur lorsqu’ils apprendront le retour de leur fille Mayava, qu’ils ont tant pleurée.