Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/156

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Olivier fut invité à s’asseoir à une place d’honneur auprès des Sachems, puis chacun s’établit comme il put sur les gradins ; le feu du conseil fut allumé ; le calumet sacré circula entre les chefs ; puis, au milieu d’un silence profond, l’Opossum, le premier Sachem de la tribu et père de Mayava, se leva et prononça un long discours pour remercier le Wacondah de ne pas l’avoir appelé dans les prairies bienheureuses avant de lui accorder cette joie suprême de revoir son enfant, dont depuis tant d’hivers il était séparé, et qu’il supposait morte bien loin de lui, dans les villages en pierre des perfides Faces-Pâles.

Puis, lorsque le Sachem se fut arrêté et eut repris son calumet, les chefs et les guerriers réunis dans le Calli-Medecine, et qui tous étaient curieux de connaître les aventures extraordinaires de la vieille Indienne, si singulièrement revenue dans sa tribu, après une aussi longue absence, tous la prièrent de leur faire le récit de ce qui lui était arrivé pendant son séjour dans les villages en pierre des Faces-Pâles, et par quel heureux hasard elle avait enfin réussi à rentrer dans sa tribu.

Mayava connaissait de longue date le caractère de ses compatriotes ; elle savait combien ils sont friands d’histoires et de ces longues légendes qui, pendant les grandes chasses, se racontent le soir autour des feux de veille : elle consentit de bonne grâce à satisfaire la curiosité générale.

Son récit fut long, intéressant ; elle n’omit rien, et le termina en racontant en détail les grandes obligations qu’elle avait à Olivier, et la profonde reconnaissance qu’elle conservait pour lui dans son cœur.