Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/170

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En un mot, c’était un homme de cœur !

Aussi les Indiens, exaspérés par son silence et son mépris ne lui ménageaient pas les insultes, et, pour en finir avec lui, ils se préparaient à lui infliger les plus atroces tortures, pour essayer d’ébranler cet indomptable et railleur courage.

Olivier, nous l’avons dit plus haut, était dans de bons rapports avec ces Indiens ; s’ils ne l’aimaient point, tout au moins ils le respectaient et le traitaient avec considération, lorsque le hasard le conduisait chez eux.

Sans réfléchir davantage, le jeune homme s’élança en avant, et d’un bond il se plaça bravement devant le prisonnier, qu’il couvrit de son corps, en s’écriant d’une voix forte :

Skenonkha ! – arrêtez —[1] !

Olivier jouait sa vie en ce moment, il le savait ; mais que lui importait !

Le principal chef de la tribu fit un geste.

Un silence profond s’établit aussitôt.

Les Sachems s’approchèrent alors du chasseur, qu’ils saluèrent affectueusement.

– Pourquoi mon frère a-t-il fait cela ? demanda courtoisement le plus âgé des Sachems.

— J’ai eu tort, chef, je le reconnais répondit Olivier ; mais j’ai cédé à un premier mouvement irréfléchi.

— Bon ! répondit le Sachem en souriant ; mon frère est sage, il avoue qu’il s’est trompé ; il est le bienvenu chez ses amis rouges ; les Piekanns

  1. Ce mot a plusieurs significations : tout beau ! doucement ! arrêtez !