Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/184

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

neras-tu donc à ne pas le revoir, quand il brave tant de périls pour te rejoindre et t’embrasser ?

Alors une douce mélancolie s’emparait du jeune homme, un sourire triste errait sur ses lèvres, et il murmurait tout bas, si bas que c’est à peine s’il s’entendait lui-même :

— Quoi qu’il arrive, je veux revoir Ivon, mon matelot, mon ami le plus cher !

Cependant, ainsi que cela avait été convenu entre les deux compagnons, le lendemain de leur fameuse conversation ils s’étaient mis en route pour aller chasser dans les immenses prairies du Rio-Gila, où se trouvent de vastes et giboyeux territoires de chasse, constamment disputés les armes à la main entre les quatre plus puissantes nations indiennes de ces contrées, autant par leur nombre que par le courage indomptable de leurs guerriers :

Les Comanches, les Pawnies, les Apaches et les Sioux ou Dacotahs ou Tetons, car ils sont connus sous ces trois noms différents.

Les Comanches et les Pawnies sont les deux plus braves et les deux plus loyales nations du désert américain ; leur civilisation est très-avancée. Les Comanches et les Pawnies ne boivent pas de liqueurs fortes ; ils sont généreux, et, bien que haïssant cordialement les blancs, ils ne leur font jamais une guerre de trahison ni d’embûches, et en aucune circonstance ils ne leur refusent l’hospitalité dans leurs villages.

Quant aux Apaches et aux Sioux, ce sont des Indiens ivrognes, pillards, astucieux et d’une cruauté affreuse ; en un mot, ce sont les Bédouins des savanes américaines, sans pitié comme sans foi.