Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/209

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ment par la nouvelle que le banquier lui avait donnée quelques instants auparavant, et trouvant, sans doute comme tous les cœurs blessés, une amère volupté à lutter contre la souffrance morale et à s’assurer quel point culminant elle peut atteindre sans briser tous les ressorts de l’âme, se décida enfin à prendre le premier la parole.

— Oh ! s’écria-t-il d’une voix navrante, oh ! mon ami, pourquoi faut-il que votre présence me désespère ! un pressentiment que je ne puis définir me dit que vous m’apportez le malheur !

— Mon ami, répondit M. Maraval d’une voix affectueuse qu’il réussit à rendre ferme, je vous apporte le devoir.

Le Sachem fit malgré lui un mouvement de surprise à ce mot, dont il devina toute la portée.

— Approchez-vous, chef, lui dit doucement Olivier, ne suis-je pas votre fils, encore plus par le cœur que par l’adoption ? Tout ce qui va se dire ici, vous devez l’entendre.

Le chef alla s’asseoir tout pensif près du feu, en face des deux amis.

— Mon cher Jose, reprit Olivier, il faut que ce que vous avez à me dire soit d’une bien haute importance pour que vous ayez tout quitté pour me venir chercher au fond de ces déserts !

— Depuis deux ans, mon ami, Lebris et moi nous sommes à votre recherche ; nous commencions à désespérer de vous rencontrer jamais, lorsque le hasard, ou plutôt la Providence, nous a mis il y a un instant face à face, à l’improviste.

— Vous avez raison, mon ami, le hasard n’est pour rien dans cette rencontre, dit Olivier en ho-