Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/211

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La nuit était venue, elle était sombre ; le Nuage-Bleu retira un tison enflammé du feu.

Olivier se pencha pour mieux voir.

Voici ce qu’il lut avec un frisson nerveux qui secouait tout son corps et le faisait trembler comme s’il eût été sous le coup d’une fièvre violente !


« Mon fils,

» Je suis seul, désespéré ; il ne me reste que vous. Dieu m’a châtié cruellement ; je veux réparer mes torts envers vous ; je vous attends ; venez au plus vite, si vous voulez me retrouver vivant.

» Votre père, qui sera heureux de vous dire lui-même son nom et le vôtre.

» Madrid, 17 juin 182.. »


C’était tout, mais c’était terrible !

Le chasseur pâlit affreusement ; il se dressa debout, battit l’air de ses bras, poussa une plainte inarticulée et tomba à la renverse dans les bras du Sachem, qui s’était élancé pour le recevoir et l’empêcher de se tuer dans sa chute.

— Mon Dieu ! il est mort ! s’écria M. Maraval ; maudite soit cette lettre fatale ! j’ai tué mon ami le plus cher !

— Rassurez-vous, ce n’est rien, un évanouissement passager ! bientôt il rouvrira les yeux, dit presque durement le Sachem.