Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/221

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Olivier ne se faisait aucune illusion sur lui-même il savait ce qu’il valait.

Aussi lui semblait-il impossible que son père, cet homme si fier, d’un rang si élevé et d’un nom si justement célèbre, consentît, lorsqu’il l’aurait vu et surtout lorsqu’il l’aurait entendu, à le reconnaître publiquement pour son fils et à lui donner son nom.

En cela il se trompait complétement et prouvait que, quelle que fût son expérience des hommes et des choses, certains replis secrets du cœur humain avaient échappé à son investigation.

Leurs achats terminés, les voyageurs remontèrent à bord. Deux heures plus tard, le brick levait l’ancre et descendait majestueusement le Mississipi toutes voiles dehors, avec une bonne brise du nord-ouest.

La traversée s’accomplit sans aucun incident digne de remarque. M. Maraval, pendant leurs longues causeries, avait expliqué à son ami les changements opérés dans sa position et la cession de sa maison à son gendre ; de son côté, Olivier avait réussi à persuader à Ivon Lebris qu’il devait considérer le brick comme lui appartenant bien réellement : encore fallut-il l’intervention de M. Maraval pour obtenir ce résultat.

Enfin tout était réglé dans les meilleures conditions, lorsque le brick le Lafayette laissa tomber, par une belle matinée de mai, son ancre dans la baie de Cadix.

Olivier poussa un soupir en posant le pied sur le quai. Neuf ans auparavant, il était venu à Cadix, en compagnie de Dolorès : il était heureux alors, tout lui souriait dans l’avenir ; maintenant Dolorès