Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/249

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en essayant de le calmer ; sur mon honneur, je ne vous reconnais plus !

— C’est vrai ! je ne me reconnais pas moi-même, répondit-il avec une violence contenue : le malheur rend ombrageux, et vous savez ce que j’ai souffert depuis ma naissance ! Venez, je vous en prie, retirons-nous.

En ce moment une des portes du salon s’ouvrit, la portière fut soulevée et un homme parut.

Au bruit, les deux hommes se retournèrent vivement.

— Don Carlos de Santona ! s’écria Olivier avec surprise, en s’élançant vers le nouveau venu ; c’est le ciel qui vous envoie à mon aide !

— Ces premières paroles que vous m’adressez me rendent bien heureux, capitaine, dit don Carlos en faisant quelques pas à sa rencontre, le sourire sur les lèvres et la main tendue vous ne m’avez donc pas oublié depuis tant d’années ?

— Vous oublier ? moi, don Carlos s’écria Olivier avec effusion en lui serrant la main, oh ! non, bien au contraire, j’ai précieusement conservé votre souvenir dans mon cœur ; j’avais été trop touché de l’affection que vous m’aviez témoignée pendant les trop courts instants que j’ai eu le plaisir de passer en votre compagnie pour qu’il en fût autrement.

— Merci, mon cher capitaine, répondit le vieillard avec émotion ; vous ne sauriez vous imaginer combien vous me faites du bien en me parlant ainsi.

— Tant mieux je suis tout heureux de vous voir. Ah çà, comment se fait-il que je vous rencontre dans cette maison ?