Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/271

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duire son fils au château de Balmarina, et de le présenter à son gendre et à sa fille.

Le marquis et la marquise furent agréablement surpris en voyant Olivier ; malgré tout ce que le duc leur avait dit sur son fils, et peut-être précisément à cause de cela, sachant combien l’amour paternel est facile à s’aveugler, ils s’attendaient à voir une espèce de rustre, un marin brutal et grossier, très-honnête sans doute et probablement rempli de cœur, mais dont les manières triviales et la conversation goudronnée n’auraient aucun agrément, et serait pour eux une société assez désagréable, pour ne pas dire plus, quoique, à cause de leur grand amour pour leur père, ils fussent bien disposés à son égard et résolus à lui faire un excellent accueil ; mais quand, à la place d’un ours mal léché qu’ils s’attendaient à voir, ils trouvèrent au contraire un beau cavalier aux traits intelligents et sympathiques, à la parole facile sans affectation, aux manières aristocratiques, enfin un homme du meilleur monde, dont rien, ni dans le costume ni dans les allures, ne sentait le parvenu, leur joie fut d’autant plus vive que leurs craintes avaient été plus grandes.

Le marquis et la marquise de Palmarès reçurent leur beau-frère de la façon la plus cordiale ; le marquis lui témoigna tout de suite beaucoup d’affection ; il en fut de même de la marquise, mais de sa part l’amitié fut plus franche et surtout plus réelle.

Doña Santa était née dans la Nouvelle-Espagne, dont son père avait été un des derniers vice-rois ; elle était petite, mignonne et gracieuse comme une Andalouse ; elle avait été fort belle et l’était