Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/313

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retourner à Balmarina ? reprit-il avec insistance.

La marquise feignit de ne pas avoir entendu ; elle ne répondit pas, et détourna la tête.

Cette fois, le silence se prolongea pendant le reste du trajet.

Lorsque la voiture eut franchi la porte de Alcala, doña Santa reprit de nouveau la parole.

— Mon frère, dit-elle, nous sommes à Madrid.

— Hélas ! oui, ma sœur, répondit-il avec un soupir étouffé.

— Nous allons nous séparer.

— Nous séparer ? Pourquoi ? Ne vaut-il pas mieux que je reste près de vous ?

— Non, reprit-elle en hochant la tête ; quoi qu’il arrive, je dois être seule.

— Mais donnez-moi au moins une raison, ma sœur.

— Parce que je veux parler à mon mari dès qu’il rentrera du palais ; s’il rentre, ajouta-t-elle avec une méprisante ironie, c’est moi seule qu’il doit rencontrer sur le seuil de notre appartement commun ; l’explication qui aura lieu entre nous ne saurait avoir de témoin, ce témoin fût-il mon frère ; de trop graves paroles seront échangées entre mon mari et moi pour être entendues par un tiers. Votre présence, loin de me protéger, me nuirait, en envenimant la situation et la faisant sortir du calme dans lequel elle doit être maintenue à tout prix.

— C’est vrai, murmura-t-il, contraint de reconnaître, malgré lui, la logique serrée de ce raisonnement ; mais, après cette explication, que ferez-vous, ma sœur ?

— Je me rendrai chez vous, mon frère, comme