Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/328

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Et, lui posant la main sur l’épaule :

— En conséquence, ajouta-t-il, au nom de S. M. G. la Reine régente, et en vertu des pouvoirs qui me sont donnés, moi, don Sylvio Carvajal, Alcade de Barrio, chef de la police de sûreté de cette ville capitale de Madrid, je vous arrête. Vous, don Fernan Enrique Bustamente, rico-hombre d’Albaceyte, marquis de Palmarès Frias y Soto, grand d’Espagne de première classe, vous êtes mon prisonnier. Par considération pour le noble nom que vous portez, je vous éviterai l’humiliation d’une arrestation publique, si vous me donnez votre parole de me suivre sans essayer de vous échapper.

— Ainsi vous…, je…, bégaya-t-il, sans savoir ce qu’il disait, tant le coup qui le frappait l’avait atterré.

— Monseigneur, j’attends votre réponse, interrompit don Sylvio Carvajal avec un accent glacé.

— Soit ; vous avez ma parole, je vous suivrai ; je suis innocent, dit-il d’une voix presque inarticulée.

Olivier avait donné l’ordre d’atteler une voiture ; cette voiture était avancée au pied du perron.

Tous les domestiques, groupés dans l’allée, regardaient avec consternation.

Ils adoraient leur maîtresse ; ce crime odieux leur faisait horreur.

— Ce billet ne doit être vu de personne ; rendez-le-moi, monseigneur, dit à voix basse don Sylvio Carvajal à Olivier.

— Je ne le puis en ce moment ; laissez-le-moi quelques jours, je vous jure sur l’honneur que je