Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/331

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être sans en avoir conscience elle-même, ce qu’il y avait de trop matériel et presque de bestial dans l’organisation grossière de cet homme, dont cependant elle était jalouse.

Le marquis, de son côté, tout en trompant sa femme sans scrupule, avait pour elle un respect sincère et profond ; de plus, placé par sa faute dans une position non-seulement excessivement délicate, mais encore très-dangereuse, si le nom de la femme pour laquelle il trompait doña Santa était un jour révélé à celle-ci, il tremblait devant sa jalousie, tout en n’osant pas rompre une liaison où sa vanité était pour une plus grande part que son cœur ; il n’envisageait qu’avec une véritable terreur les conséquences soit d’une rupture, soit d’une indiscrétion, émanant non pas directement de lui, mais de sa femme, dont il connaissait la violence de caractère, et qui, le cas échéant, ne ménagerait aucunes convenances, si hautes qu’elles fussent.

De là les précautions sans nombre qu’il prenait et le mystère dont il entourait une liaison dont, il en avait le pressentiment, la rupture devait avoir pour lui les suites les plus funestes.

Cela posé, voici quelles furent les déductions qu’en tira Olivier, et comment il reconstitua la scène qui avait dû se passer entre les deux époux.

En rentrant à l’hôtel Salaberry, le marquis, ignorant l’arrivée de sa femme, ne savait pas se trouver tout à coup face à face avec elle ; il avait tout à la fois été surpris, effrayé et irrité en la voyant ainsi, à l’improviste, se dresser devant lui.

Alors il y avait eu une querelle violente entre les deux époux.