Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/35

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pour rappeler aux assistants que tout plaisir, toute joie ici-bas a son alliage nécessaire de souffrances et d’incommodités.

Les fenêtres, les toits, les voitures, les arbres, les échafaudages regorgeaient de spectateurs palpitants d’attente ; d’autres se pressaient en grand nombre autour des barrières enguirlandées de verdure et décorées de sapins transplantés.

Olivier et M. Maraval bondirent hors de leurs lits, s’habillèrent en toute hâte ; le capitaine se préparait à frapper à la chambre de doña Dolorès, lorsque la porte de cette chambre s’ouvrit, et la jeune femme parut sur le seuil, belle, reposée, souriante et prête à partir.

L’hôtelier des Trois-Couronnes eut l’obligeance de conduire lui-même ses voyageurs aux places que, sur leur ordre, il avait retenues la veille au premier rang de l’estrade, et il les y installa commodément ; puis il les salua et se hâta de se retirer, car il remplissait un rôle dans la cérémonie, étant un des plus riches vignerons du canton.

En regardant autour de lui pour se rendre compte de l’affluence énorme de spectateurs qui encombraient les avenues du théâtre de la fête, Olivier tressaillit malgré lui et un sombre pressentiment lui sera subitement le cœur comme dans un étau.

— Seriez-vous indisposé Carlos ! lui demanda doña Dolorès avec inquiétude : vous êtes bien pâle ?

— En effet, mon cher, ajouta M. Maraval, qu’avez-vous donc ?

— Rien, répondit le jeune homme en essayant de sourire, rien absolument, un pincement au cœur ; vous savez que j’y suis sujet, chère Dolorès ;