Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/370

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le jour même de la mort de son père, Olivier avait expédié un courrier à Cadix avec une lettre pour M. Hector Mallet, gendre de M. Maraval.

La veille du jour-fixé pour le départ de Madrid, le courrier revint de Cadix, porteur de la réponse du banquier. Un sourire pâle se joua pendant une seconde sur les lèvres d’Olivier en lisant cette réponse, et il se retira dans son appartement sans prononcer un mot.

Le lendemain, au lever du soleil, il partit pour le château de Peña-Serrada, où l’inhumation du vieux duc et de sa fille infortunée devait définitivement avoir lieu.

Lorsque les cérémonies funèbres furent terminées, que les parents et les amis de la famille Pacheco eurent pris congé et se furent retirés définitivement les uns après les autres, le nouveau duc se trouva seul, avec quelques domestiques, dans la vieille demeure féodale.

Les anciennes souffrances d’Olivier, ravivées par la poignante douleur de la mort de son père, l’avaient plongé dans une sombre mélancolie ; son isolement au milieu de ce sinistre désert, loin de lui peser, était pour lui une consolation.

Errant comme une âme en peine à travers ces tristes et sombres appartements au mobilier gothique, au milieu de cette poussière froide et lugubre de tant de générations éteintes, il se laissait aller avec une joie douloureuse à se rappeler toutes ses années écoulées, toutes ses douleurs subies, toutes ses souffrances endurées ; et il se demandait s’il ne serait pas meilleur pour lui, dont le cœur était mort et tous les espoirs déçus, de dormir de l’éternel sommeil aux côtés de son père,