Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/372

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M. Maraval et Ivon Lebris lui tendaient les bras.

La reconnaissance fut des plus touchantes.

Olivier rayonnait ; il n’était plus seul, il retrouvait ses deux amis fidèles, ceux dont le dévouement ne lui avait jamais manqué.

Après de longues embrassades et de chaudes poignées de mains, lorsque le calme fut un peu rentré dans les esprits, on entama enfin le chapitre des explications.

Par suite d’un de ces hasards comme la Providence se plaît si souvent à en préparer, quoi qu’en disent les esprits forts, dix jours après le retour à Madrid du courrier expédié par Olivier, M. Maraval était arrivé à Cadix, dans l’intention de passer deux mois chez son gendre. Ainsi qu’il le faisait à chaque voyage, l’ancien banquier avait pris passage sur le Lafayette, toujours placé sous le commandement d’Ivon Lebris.

M. Hector Mallet avait aussitôt fait lire à son beau-père la lettre qu’il avait reçue d’Olivier ; il y eut alors une longue et sérieuse discussion entre les trois hommes à propos des mesures à prendre ; MM. Maraval et Mallet étaient d’avis de partir immédiatement pour Madrid. Ivon Lebris pensait le contraire ; les termes ambigus dans lesquels la lettre était conçue le portaient à supposer que son matelot, pour des motifs que lui seul pouvait apprécier, n’osant pas dévoiler sa pensée tout entière, le courrier risquant, pour une cause ou pour une autre, d’être intercepté, avait formé quelque projet qu’il se réservait de faire secrètement connaître à ses amis ; il croyait donc qu’il fallait aller, non à Madrid, où leur présence éveillerait certainement la curiosité et peut-être les soupçons