Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/38

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souper auquel ils tirent honneur sans la moindre vergogne.

Le repas terminé, Olivier, laissant M. Maraval s’occuper de son courrier, dit à sa femme de ne pas s’inquiéter de son absence, et sortit dans l’intention de faire une promenade de digestion, tout en fumant un cigare.

La nuit tombait, les rues étaient pleines de bruit et de mouvement.

À peine Olivier eut-il fait quelques pas, qu’il crut s’apercevoir qu’il était suivi à distance par un individu vêtu en paysan, et dont les traits disparaissaient presque entièrement sous l’ombre des larges ailes de son chapeau.

Le capitaine ne s’inquiéta pas, il était bien armé ; d’ailleurs, à cette époque, les malfaiteurs étaient presque inconnus en Suisse ; aujourd’hui même ils sont très-rares.

Le jeune marin supposa d’abord que cet homme était un cicerone qui, le reconnaissant pour étranger, désirait lui offrir ses services et hésitait à l’accoster ; il continua donc tranquillement sa promenade.

Puis une autre pensée lui vint : il pensa que cet homme pourrait bien être l’inconnu mystérieux qu’il avait cru entrevoir le matin, qui se décidait enfin à se faire connaître, et attendait une occasion favorable pour lui expliquer les motifs de son espionnage ; cette idée éveilla sa curiosité il résolut, dans son for intérieur, de faire naître au besoin cette occasion.

Olivier déboucha ainsi, toujours flânant, sur la place du marché, et, tout en jetant un regard de côté pour s’assurer que l’inconnu le suivait en-