Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/52

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cours des idées du jeune homme ; puis, lorsqu’il le vit un peu plus calmé, il l’accompagna tout en causant jusqu’à la porte de son appartement et l’engagea à se retirer pour la nuit.

Le lendemain, le bruit se répandit dans Vevey qu’une grande dame espagnole, la duchesse de Rosvego, était morte vers deux heures du matin dans son château situé à une demi-lieue de la ville.

Un peu après dix heures, le comte de Villa-Hermosa, ce mystérieux étranger qui la veille avait accosté le jeune homme sur la place du Marché, se présenta à l’hôtel et demanda M. Olivier Madray, ayant, disait-il, à l’entretenir d’une affaire pressante et n’admettant pas de retard.

Les voyageurs n’étaient pas encore descendus ; cependant, sur les instances du comte, l’hôtelier consentit à faire prévenir Olivier de cette visite imprévue.

Un instant plus tard, le jeune homme entra dans la salle commune où le comte attendait.

— Que désirez-vous de moi, monsieur ? lui demanda-t-il après avoir échangé un froid salut avec lui.

— Monsieur, répondit tristement le comte, cette nuit, avant d’expirer, madame la duchesse de Rosvego, ma cousine, m’a fait promettre de vous remettre de sa part cette croix et cette bague.

Et il lui présenta un écrin ouvert.

— Monsieur, répondit Olivier, sans même jeter les yeux sur l’écrin, je n’avais pas l’honneur, quand elle vivait, de connaître madame la duchesse de Rosvego, je n’ai donc rien à recevoir