Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/56

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trèrent à l’hôtel, où doéna Dolorès les attendait, en proie à la plus vive inquiétude.

En apercevant son mari, elle se jeta dans ses bras en sanglotant.

— D’où viens-tu ainsi, pâle et défait, mon amour ? lui demanda-t-elle à travers ses larmes.

— Rassure-toi, ma chérie, répondit-il en l’embrassant avec passion je viens du cimetière.

— Du cimetière ! s’écria-t-elle avec surprise.

— Oui, du cimetière, où j’ai, pendant plusieurs heures, prié sur la tombe de ma plus cruelle ennemie.

— Et cette ennemie ?…

— C’était ma mère ! Que jamais son nom ne soit prononcé entre nous, Dolorès, je t’en supplie !

— Je t’obéirai, Carlos, car tu dois souffrir beaucoup !

— Oui, dit-il d’une voix déchirante, je souffre horriblement.

Et terrassé enfin par cette lutte affreuse, comme un chêne déraciné par l’ouragan, il tomba de son haut, raide et inanimé sur le parquet.

Dolorès et M. Maraval s’empressèrent autour de lui, tandis que les domestiques s’élançaient au dehors à la recherche d’un médecin.

Olivier était en proie à une épouvantable crise nerveuse, déterminée par les émotions qu’il avait éprouvées et la contrainte qu’il s’était si opiniâtrement imposée.

Ce n’est pas impunément qu’on s’arrache le cœur de la poitrine, et qu’on se venge même après la mort.