Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/67

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— Qui sait ? fit don Carlos de Santona d’un air incrédule.

— D’ailleurs, reprit Olivier, nous sommes complètement étrangers au vieux monde, où nous ne laissons derrière nous aucun intérêt assez puissant pour nous obliger à y revenir ; abstraction faite, bien entendu, señor, de l’inaltérable amitié que nous avons pour don Jose Maraval et sa famille, ainsi que pour vous, señor don Carlos.

— Et cela d’autant plus, dit M. Maraval en se mêlant à la conversation, que notre ami le capitaine a de graves intérêts qui le retiendront en Amérique.

— Qui sait ? dit encore don Carlos de Santona avec son énigmatique sourire.

— Intérêts de fortune et de famille, dit en riant doña Dolorès.

— Et d’autres encore, beaucoup plus sérieux, qui m’empêcheront de commettre une nouvelle imprudence, dit Olivier avec ressentiment.

— Bah ! qui sait ? Vous êtes une énigme vivante, mon cher capitaine.

— Peut-être, cher señor don Carlos ; mais convenez avec moi que vous êtes l’homme le plus difficile à convaincre qu’il soit au monde.

— Je ne dis pas non, répondit-il avec mélancolie, cela tient sans doute à ce que j’ai beaucoup vécu, et par conséquent beaucoup appris.

— Que voulez-vous dire ?

— Mon Dieu ce que je dis, pas autre chose ; mais, le savez, nous autres, les compatriotes du joyeux écuyer du chevalier de la Triste-Figure, nous affectionnons les proverbes.

— Ce qui signifie ?… demanda Olivier en riant.