Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/71

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barre solidement amarrée sous le vent, et le navire, réduit à sa plus simple expression, complétement à sec de toile, n’offrait plus de prise au vent : le capitaine, ainsi préparé, avait attendu d’un air narquois la venue de l’ouragan.

Quand toutes ces précautions avaient été prises par le vieux capitaine, le ciel était d’un bleu profond ; il n’y avait pas un souffle dans l’air ; il faisait une chaleur étouffante ; la mer était unie comme un miroir ; seulement on apercevait à l’extrême limite de l’horizon un point blanc gros comme une aile de satanite et, du côté où devait se trouver la terre, des gonflements de la mer comme si elle eût été agitée par quelque convulsion sous-marine, c’était tout.

Olivier se promenait en ce moment sur le pont en fumant son cigare. Il avait suivi sans prononcer un mot, mais avec un sourire approbateur, l’exécution des diverses manœuvres ordonnées par le capitaine.

— Voilà ! maintenant tout est paré, garçons ! dit celui-ci ; il ne s’agit plus à présent que de veiller au grain : je sens venir un gaillard, par notre travers, qui, si nous n’ouvrons pas l’œil au bossoir, ne tardera pas à nous souquer notre amarrage à bloc !

Et, s’approchant du capitaine corsaire en se frottant les mains, il ajouta :

— Il peut venir, nous sommes en mesure de le recevoir convenablement. Qu’en pensez-vous, capitaine Olivier, vous qui vous y connaissez ?

— Je pense, mon cher capitaine, répondit Olivier avec bonne humeur, qu’il était impossible de mieux prendre ses précautions ; vous avez fait