Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/89

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exposé. Souviens-toi, mon bien-aimé Carlos, que dès le premier jour où nous avons été l’un à l’autre, nous nous sommes juré que rien ne pourrait jamais nous séparer, que tout serait commun entre nous, et que, quoi qu’il pût advenir, nous resterions toujours unis. Je crains de mourir, mais seulement loin de toi ; mourir dans tes bras, en te donnant mon âme dans mon dernier baiser, sera pour moi le comble du bonheur. N’insiste donc plus pour me laisser ici pendant cette terrible expédition, ou, ajouta-t-elle les yeux pleins de larmes, je croirais que tu ne m’aimes plus comme je t’aime.

Et elle se jeta toute frémissante d’émotion dans les bras de son mari.

Il ne fut plus question de séparation.

Cependant le jour du départ approchait. Olivier et Dolorès quittèrent leur chère maison de l’Almendral, en étouffant un soupir de regret, et ils allèrent s’installer définitivement à bord de leur bâtiment.

Une vingtaine de nouveaux navires étaient venus mouiller, les uns après les autres, sur la rade de Valparaiso ; au nombre de ces nouveaux navires se trouvaient deux belles et fières frégates de premier rang achetées à la France par le gouvernement chilien.

Tout était prêt pour l’expédition.

Chaque jour, depuis une semaine, l’amiral Cochrane tenait de longs conseils à bord du Monte-agudo avec les capitaines de la flotte.

On avait fait le recensement des bâtiments destinés à concourir à l’expédition.

Tous compris, grands et petits, ces navires étaient au nombre de soixante-trois.