Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/94

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La nuit était sombre, sans lune ; il n’y avait pas une étoile au ciel, pas une lumière allumée à terre ; la brise était forte, la mer houleuse au large.

Au moment où la flotte confédérée forçait sans coup férir l’entrée de la rade, une vive canonnade se fit entendre à terre.

C’était l’armée Colombienne qui attaquait les positions espagnoles et lançait ses colonnes d’attaque contre les forts et les redoutes de la plage.

Le Monte-agudo fit un signal ; au même instant, tous les bâtiments de la flotte confédérée parurent illuminés du haut en bas, et une effroyable décharge, qui frappa les Espagnols de stupeur, répondit à la canonnade de l’armée Colombienne.

Puis les bâtiments confédérés se ruèrent, comme des tigres, à l’abordage des bâtiments espagnols.

La lutte était commencée elle devait être terrible.

La surprise était complète, le désordre à son comble sur la flotte espagnole.

Plusieurs gros navires, dont les haussières avaient été coupées, dérivaient et étaient drossés à la côte par la brise, heurtant les bâtiments qu’ils rencontraient sur leur passage, les brisant, les coulant ou leur causant de graves avaries.

Les officiers restés à terre, et le nombre en était grand, s’étaient jetés dans des embarcations pour se rendre au plus vite à leurs bords ; mais la plupart de ces embarcations furent capturées par des canots de la flotte confédérée, placés en embuscade dans les ténèbres.

De nombreux brûlots avaient été lancés sur les navires espagnols et s’étaient attachés à leurs flancs, sans qu’il fût possible de les éloigner.