Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/100

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capitaine fut respectueusement accompagné jusqu’à la coupée de tribord par les officiers et les matelots, avec les marques d’un véritable dévouement.

Le lendemain, dès six heures du matin, de Cadix à Xérès, les eaux de la baie disparaissaient littéralement sous les goëlettes, cutters, tartanes, lanchas, balancelles, embarcations de toutes sortes, enfin, qui toutes chargées de monde presque à couler bas, se dirigeaient en toute hâte vers Puerto-Santa-Maria.

Sur les routes, même affluence de voyageurs, à pied, à cheval, en voiture et même en charrette, depuis les nobles et les grands d’Espagne dans leurs brillants carrosses armoriés, jusqu’aux paysans endimanchés dans leurs charrettes le mako, fièrement campé, portant sa maja assise sur la croupe de son cheval, jusqu’à l’humble piéton, avançant péniblement sur le bord de la route, à demi suffoqué par la chaleur et aveuglé par la poussière : tous se pressaient à qui mieux mieux vers Puerto-Santa-Maria.

Et sur la baie et sur la route, cette foule bigarrée riait, chantait, parlait, criait à tue-tête, en échangeant force lazzi, avec cette volubilité, cet entrain endiablé et cette spirituelle gaieté andalouse qui n’a rien de comparable au monde.

Les Espagnols adorent les courses de taureaux ; ils poussent cette passion jusqu’à la frénésie. Pour notre part, nous comprenons parfaitement cet engouement de tout un peuple, et nous le partageons sincèrement ; à nos yeux, il n’y a rien de plus noble, de plus intéressant et de plus empoignant nous demandons pardon de cette expres-