Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/103

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l’expression de physionomie sèche, froide, presque cruelle.

Un sourire d’une expression étrange avait, pendant une seconde, crispé les commissures de ses lèvres, puis il avait repris avec le docteur sa conversation interrompue et que, depuis quelque temps déjà, la duchesse semblait écouter avec attention, presque avec inquiétude.

La course allait commencer.

La cuadrilla avait accompli sa procession accoutumée autour du cirque ; l’alguazil-mayor était venu demander les clefs du toril à la loge royale ; le gouverneur les lui avait jetées et il les portait au garçon de combat, pour aussitôt après s’enfuir au plus vite, afin de ne pas être désarçonné par le taureau furieux : cet épisode est un des plus piquants et des plus amusants de la corrida ; tous les regards étaient fixés curieusement sur l’arène.

Tout à coup, le capitaine Olivier dit au docteur Carnero :

– Vous croyez que c’est impossible ?

– Oui, señor capitaine, surtout s’il s’agit d’une grande dame ; une manola, ce serait autre chose, ajouta-t-il avec un sourire cynique.

— Eh bien ! vous vous trompez, docteur ; je connais une très-grande dame à laquelle il arriva une aventure toute semblable à celle dont nous parlions tout à l’heure : c’était, attendez que je me souvienne, c’était dans la nuit du 13 au 14 octobre 179., calle de Alcala, à Madrid, dans la maison du docteur don Jose Legañez, vous voyez que je précise ; un certain Perrico, lequel avait un autre nom qu’il cachait, mais que je vous dirai plus tard…