Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/119

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allongé de 36, placé à l’avant sur pivot ; et monté par un équipage de deux cent quatre-vingt-douze hommes, tous marins d’élite, véritables frères de la côte, des ports de l’Inde, commandés, par le capitaine Charles-Olivier Madray, et muni par la nouvelle république de Colombie, de lettres de marque l’autorisant à courir sus aux Espagnols, sur toutes les mers du globe.

La bande rouge étendue sur les préceintes servait à dissimuler les sabords de sa batterie, et à donner ainsi au redoutable corsaire une allure inoffensive.

Dès le premier jour, aussitôt après avoir quitté le mouillage, le capitaine avait établi une discipline de fer sur son navire.

Les matelots s’étaient tout de suite aperçus que leur capitaine, malgré ses allures douces et polies, était un excellent marin, et que, selon leur expression caractéristique, il n’avait pas du tout froid aux yeux ; aussi avaient-ils accepté sans murmures cette discipline impitoyable, il est vrai, mais indispensable : sans laquelle tout ordre est impossible, surtout sur un corsaire, et qui, maintenue avec justice et sans faveur d’aucune sorte, centuple la force d’action d’un équipage.

Le capitaine, le second, les officiers, le maitre d’équipage et les officiers mariniers se soumettaient les premiers à la règle générale établie à bord du Hasard ; aussi étaient-ils aimés, craints et respectés de leurs subordonnés : les trois conditions sine quâ non de tout gouvernement maritime.

Le service se faisait comme à bord des bâtiments de guerre : au sifflet, au tambour et au fifre ; la maistrance, c’est-à-dire le maitre d’équipage, le capitaine d’armes, le maître canonnier, le maître