Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/182

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nous n’apercevions que deux ou trois individus sans armes apparentes, qui nous invitaient à aborder.

Le canot ne pouvait arriver jusqu’à terre ; il nous fallut nous mettre à l’eau pour gagner le rivage ; mais ce n’était pas un grand désagrément, il faisait chaud, et l’eau nous montait à peine jusqu’aux genoux.

Je marchais quelques pas en avant, en explorant la plage.

Je ne sais pourquoi j’avais le cœur serré : cette tranquillité dont nous étions entourés me semblait factice ; j’avais comme le pressentiment d’un malheur.

Tout à coup, je m’arrêtai, et me tournant vers le capitaine, qui marchait immédiatement derrière moi, je lui criai, avec les marques du plus grand effroi :

— En arrière ! en arrière ! au nom de Dieu ! ou nous sommes tous perdus !

Au même instant, une quinzaine de démons à demi nus, peints de plusieurs couleurs, s’élancèrent d’un buisson où ils étaient embusqués, et bondirent sur nous, la hache levée, en poussant des hurlements horribles.

Il y eut un instant de désordre ; des coups de feu furent tirés ; on lutta corps à corps ; enfin je roulai sans connaissance, frappé à la tête, d’un épouvantable coup de crosse.

Quand je revins à moi, j’étais couché sur un monceau de feuilles, près d’un feu qui achevait de s’éteindre.

J’essayai de me soulever.