Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/186

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criai-je avec toute l’énergie de l’épouvante ; nous sommes au contraire les amis des Peaux-Rouges. Je vous répète que plusieurs fois nous sommes venus sur cette côte trafiquer avec les Têtes-Plates, auxquels nous avons vendu de la poudre et des armes.

— Mon fils a un pays ; sa tribu est nombreuse et puissante, sans doute ? reprit-il avec ironie ; il dira au Nuage-Bleu de quel pays il est.

— Oh ! cela me sera facile, répondis-je aussitôt, mon compagnon et moi nous sommes Anglais ; notre navire est anglais ; les Espagnols n’ont pas de plus cruels ennemis que nous ; nous n’avons jamais eu d’intentions hostiles contre les habitants de la baie.

Le chef m’examina un instant avec attention.

— Mon fils est bien jeune, dit-il, pour avoir déjà la langue fourchue et il ajouta en anglais : Le Nuage-Bleu parlera au compagnon du jeune prisonnier.

— Faites-lui les mêmes questions que celles que vous m’avez faites, m’écriai-je en anglais : vous verrez que ses réponses seront semblables aux miennes.

Le chef sourit et s’approcha de Tom Elgin, qu’il commença aussitôt à interroger.

Naturellement, les réponses du pauvre matelot prouvèrent que je n’avais pas menti.

Le sachem parut douloureusement impressionné par ces réponses ; il y avait eu un déplorable malentendu : on nous avait crus Espagnols et l’on nous avait traités en conséquence ; malheureusement le mal était irréparable ; notre bâtiment était parti, il nous était impossible de retourner à bord.