Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/219

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Enfin le navire leva l’ancre, descendit le fleuve et déboucha dans la mer.

Pendant plusieurs mois, notre bâtiment croisa sur les côtes d’Espagne.

La croisière fut heureuse, elle commença presque aussitôt.

Plusieurs navires, se rendant dans l’Amérique espagnole, furent surpris et enlevés par nous.

La croisière terminée, le corsaire ne rentra pas dans les eaux anglaises ses prises étaient expédiées dans les ports de France.

Un beau jour, le navire enfila le détroit de Gibraltar et établit sa croisière dans le golfe de Lion.

Cette seconde croisière ne fut pas heureuse comme prise ; en revanche, nous fûmes assaillis à l’improviste par un épouvantable ouragan, qui nous contraignit à nous réfugier, à demi désemparés, dans le port de Marseille.

Je tremblai en me voyant dans un port français ; j’étais en proie à de sombres pressentiments : ils ne me trompaient pas. Quatre jours après notre entrée dans le port, sur un ordre télégraphique arrivé de Paris, la police se rendit à bord.

Ivon et moi nous fûmes arrêtés comme matelots déserteurs de la marine marchande française ; nous fûmes conduits les menottes aux mains, à pied, entre quatre gendarmes, à Toulon et embarqués d’urgence sur le vaisseau le Formidable.

Était-ce encore une vengeance ? Oui.

Le reste, vous le savez, messieurs, je n’ai donc rien à ajouter, si ce n’est que maintenant vous me connaissez aussi bien que je me connais moi-même ; l’avenir seul demeure enveloppé de mystères ; nous verrons ce qu’il me réserve encore.