Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/247

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une gaffe ; le lieutenant Mauclère s’en empara, l’amarra solidement à un bout de filin gros comme le petit doigt, tordu en neuf, serré et d’environ vingt brasses, servant à amarrer la pirogue à terre ; cela fait, il passa à l’avant de la légère embarcation, se laissa dériver jusqu’à ce que le navire l’eût laissé en arrière, puis, brandissant sa gaffe, il la lança avec force dans les porte-haubans du mât d’artimon.

Le coup fut bien mesuré et dirigé avec une précision telle, que la gaffe fila tout droit entre les porte-haubans et la muraille du navire, et vint au delà retomber à la mer, où elle fut facilement saisie et ramenée à bord de la baleinière, au moyen d’un long croc ; le reste ne fut plus qu’un jeu d’enfants la gaffe démarrée, quatre ou cinq matelots se pomoyèrent sur le bout du filin, grimpèrent dans les porte-haubans, et de là sautèrent sur le pont, qu’ils trouvèrent complétement désert.

Le premier soin du lieutenant fut de mettre un homme à la barre, puis des amarres furent lancées aux deux baleinières, dont les équipages furent à bord en un instant.

Bien que le pont de la Yung-Frau fût désert, tout y était dans un ordre parfait ; on n’apercevait aucune trace de lutte ; cependant les panneaux étaient fermés ; quand on essaya de les ouvrir, on s’aperçut qu’ils étaient cloués.

Les matelots s’armèrent de pinces et de leviers en quelques minutes les clous furent arrachés et les panneaux ouverts.

Le lieutenant se pencha aussitôt sur le longis du panneau de l’arrière, un pistolet armé dans chaque main, et il cria d’une voix forte :