Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/252

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Aussitôt que les prisonniers, si miraculeusement sauvés, apprirent l’arrivée prochaine du capitaine corsaire à bord du trois-mâts, ils se hâtèrent de monter sur le pont ; les dames surtout s’empressèrent d’accourir ; parmi ces dames, il y en avait deux, la mère et la fille que nous présenterons au lecteur.

La mère était une femme de trente-trois ans au plus, mais elle en paraissait à peine vingt-cinq ; elle était de taille moyenne, admirablement faite, belle de cette beauté suave, pour ainsi dire éthérée, particulière aux Limeniennes, qui passent avec raison pour être à la fois les femmes les plus adorablement belles, les plus séduisantes, les plus spirituelles et en même temps les plus coquettes du monde entier ce sont, en un mot, les Parisiennes de l’Amérique.

Sa fille avait à peine quinze ans ; c’était le portrait vivant de sa mère, mais plus jeune, et par conséquent plus merveilleusement beau et séduisant les mots nous manquent pour exprimer cette morbidezza enchanteresse qui s’exhalait de toute son adorable personne ; c’était une de ces créations féeriques, défiant toute description, comme en enfantent parfois les songes radieux du hachich et de l’opium et qui semblent ne pouvoir appartenir à la terre.

Près de ces deux dames se tenait un homme d’une quarantaine d’années, très-beau, lui aussi, mais dont les traits intelligents, tout en ayant une expression essentiellement sympathique, étaient légèrement froids et même hautains.

Ce personnage était le mari de la plus âgée des deux dames, et le père de la plus jeune.