Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/306

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Nous ne sommes pas militaires, señor don Pablo, nous sommes marins ; j’ai l’honneur de commander un bâtiment corsaire au service de la république colombienne.

— Et vous abandonnez ainsi votre navire ?

— Non pas, señor ; en ce moment il est ou doit être mouillé à Maule. J’aurai l’honneur de vous le faire visiter, si vous le désirez ?

— Je le crois bien, que je le désire !

— C’est un bon et vaillant navire ; il se nomme le Hasard.

— Le Hasard ! s’écria don Pablo en se frappant le front, et arrêtant son cheval ; est-ce donc le fameux corsaire si redouté des Espagnols, auquel il a fait tant de mal ? qui, il y a trois mois, en face du Callao, s’est emparé à l’abordage de la corvette espagnole la Santa-Maria et, malgré tous les croiseurs, l’a fait entrer dans la rivière de Goyaquil ?

— Je vois que vous êtes bien renseigné, señor ; c’est le même.

— Vive Dios ! il est célèbre sur toute la côte, depuis Valparaiso jusqu’à Mazatlan, et vous êtes son capitaine ?

– J’ai cet honneur, caballero ; le señor don Pedro Medrosa, mon ami, est mon second capitaine.

— Alabado sea Dios ! s’écria le Chilien ravi de tout ce qu’il entendait ; voilà une aventure, par exemple ! Vous êtes bien connu ici, capitaine, vous vous en apercevrez bientôt ; laissez-moi vous remercier encore de l’honneur que vous me faites en acceptant mon hospitalité.

— Vous me comblez, caballero !