Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/317

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais Dieu n’a pas permis que tu accomplisses ce crime lâche et odieux, il veillait sur moi ! Justice sera faite !

Don Joaquim était redevenu froid, et impassible en apparence.

— Cet homme est fou ! dit-il en haussant les épaules. Que me veut-il ? Je ne le connais pas !

En ce moment il sentit qu’on le touchait légèrement à l’épaule ; il se retourna machinalement.

Un homme, un spectre était penché sur lui et le fixait d’un regard étrange.

— Lui ! lui ! s’écria le misérable, en proie à une horrible épouvante. Les morts sortent-ils donc de leur tombeau ?

— Oui ! reprit Fernan Nuñez avec un ricanement railleur ; oui, ils sortent du tombeau pour t’accabler et réclamer vengeance !

— Je suis perdu murmura l’assassin avec égarement. Eh bien ! oui ! s’écria-t-il d’une voix saccadée, j’ai voulu vous tuer tous deux ! Je jouais une partie de deux millions de piastres ! j’avais mis ma tête pour enjeu, qu’on la prenne ! Si j’avais gagné, vous seriez à mes pieds.

Le colonel fit un geste muet.

Quatre matelots armés, qui sans doute attendaient cet ordre, s’emparèrent du misérable et l’entraînèrent.

Il fut aussitôt jeté, solidement garrotté, dans la fosse aux lions.

Disons maintenant ce qui s’était passé, et comment cette scène dramatique avait été préparée.

Don Estremo Montès, à qui nous rendrons son véritable nom, était fils d’un Espagnol et d’une Indienne Charruas ; il avait au plus haut degré le