Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/330

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vier au moment où nous reprenons notre récit.

— Vous intéresseriez-vous à ce misérable ? répondit Olivier.

— Je vous avoue, reprit don Diego, que depuis qu’il n’est plus à redouter, je me sens pris d’une grande pitié pour lui ; je ne puis oublier qu’il a été mon ami à une autre époque.

– C’est vrai, murmura doucement doña Maria.

– Ce temps est loin, cher don Diego ; comment, plus tard, a-t-il reconnu vos bienfaits ? reprit Olivier.

— Par la plus noire ingratitude, dit nettement doña Dolorès.

— Ce n’est que trop vrai, murmura don Diego.

— Dieu recommande de rendre le bien pour le mal, dit encore doña Maria.

— Et c’est un des plus beaux préceptes de la religion chrétienne, appuya doña Dolorès.

– Soit, reprit Olivier ; j’admets et j’admire comme vous la grandeur de ce précepte ; mais, comme la religion, la société a ses lois, qui doivent être respectées ; d’ailleurs, l’Évangile ne dit-il pas lui-même : celui qui frappe avec l’épée mourra par l’épée ?

— Voulez-vous donc faire périr cet homme ? demanda Dolorès avec tristesse.

— Je ne veux rien, señorita, répondit Olivier ; je me permettrai seulement de vous faire observer que, dans certains cas, l’indulgence est non-seulement une faute, mais presque un crime envers la société tout entière.

– Oh ! vous allez trop loin, cher ami ? dit don Diego en souriant.

– Je ne crois pas ; ainsi combien de fois, sur-