Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/332

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dont les regards se fixaient sur lui avec une vive curiosité.

Enfin, après un instant, il prit résolûment son parti et se décida à répondre.

— Hum ! fit-il en toussant pour s’éclaircir la voix, cet individu est un triste sujet, mon capitaine ; il est impossible d’en rien faire ; il crie, se débat, menace et blasphème, à faire couler le navire à pic ; deux fois il a essayé de tuer ceux qui lui portent à manger ; il mord comme un chien enragé ; il a failli mettre le feu au navire ; on ne sait comment le prendre ; la douceur l’exaspère au lieu de le calmer. J’ai été contraint, dans l’intérêt général, de le mettre dans l’impossibilité de faire le plus léger mouvement ; cet homme est un scélérat de la pire espèce. J’ai vu bien des faillis chiens, mauvais comme des caïmans et rageurs comme des cachalots, mais, depuis vingt ans que je navigue sur la mer jolie, je n’ai jamais vu un particulier de ce calibre-là ; il est un danger perpétuel pour nous ; on est contraint de le garder à vue ; si on le laissait un instant seul, Dieu sait ce qui arriverait ! S’il m’était permis, capitaine, d’émettre mon opinion devant vous, je dirais que plus tôt nous serons débarrassés de cette bête fauve, mieux cela vaudra pour nous.

— Je vous remercie de ces renseignements, monsieur, dit Olivier ; continuez à veiller sur cet homme, comme vous l’avez fait jusqu’à présent.

Le capitaine d’armes salua et se retira.

— Que pensez-vous de cela ? ajouta Olivier en se tournant vers ses hôtes.

— Que Dieu lui fasse miséricorde, dit tristement doña Maria.