Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/344

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conseil rassemblé pour vous juger et qui vous écoute ?

— Certes. Je sais que tout est fini pour moi ; je ne veux pas perdre mon âme avec mon corps.

— Ainsi vous vous repentez ?

— Oui, de ne pas avoir réussi ; la partie était belle : deux millions de piastres au moins. Si j’avais gagné, je serais riche, et par conséquent honnête homme.

— Ainsi, vous ne regrettez pas d’avoir commis ces crimes odieux ?

— Ce double crime, vous voulez dire. Je me repens, puisqu’il a été inutile, et cependant mes mesures étaient bien prises !

— Dieu n’a pas permis que vous réussissiez.

— C’est possible, après tout ; je n’avais pas songé à cela ; il faut croire qu’il existe réellement au-dessus de nous quelque chose de plus fort que nous-mêmes ; jusque-là, j’avais constamment réussi, je croyais que cela durerait toujours ainsi ; je me suis trompé, voilà tout.

— La justice divine est longue à frapper le coupable, afin de lui laisser le temps de se repentir, mais à la fin elle le frappe.

— Je m’en aperçois ; c’est égal, je ne comprends pas bien cette affaire ; qu’est-ce que cela lui aurait fait de me laisser réussir cette fois encore ? C’était le dernier coup ; tout était terminé ; j’allais être riche et devenir honnête homme. Vous savez bien que l’honnêteté ne va pas sans la richesse !

Le délégué haussa les épaules ; que dire devant une aussi complète absence de sens moral ?

— Répétez votre aveu, dit-il sèchement.

— Soit, puisque vous le désirez. Don Diego