Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/350

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Au loin, on apercevait les innombrables lumières de la ville, dont la sombre silhouette faisait tache sur l’azur du ciel. Parfois une rumeur presque inappréciable, une mélodie indistincte traversait l’espace, emportée sur les ailes humides de la brise nocturne, et venait mourir, comme un écho inconnu des joies terrestres, aux oreilles inattentives des trois officiers du corsaire, occupés à terminer un repas commencé depuis longtemps déjà.

Tout en buvant son café à petites gorgées et fumant un excellent cigare dont il regardait s’évaporer la fumée en gracieuses spirales, le capitaine causait à bâtons rompus, avec ses amis, des événements de la matinée ; de là, depuis quelques instants, par une pente toute naturelle, la conversation était tombée sur don Diego Quiros et sa famille.

Depuis près de quinze jours, don Diego avait quitté le navire en promettant de revenir bientôt, et depuis ce départ il n’avait pas donné de ses nouvelles ; Olivier commençait à être inquiet de ce long silence, qu’il ne savait à quel motif attribuer ; il discutait avec ses deux amis la question de savoir s’il ne serait pas convenable de prendre à terre quelques renseignements sur cette famille et tâcher de découvrir ce qu’elle était devenue, non point par curiosité, mais à cause du vif intérêt que le capitaine portait à tous ses membres.

La discussion en était là, et sans doute n’allait pas tarder à être tranchée par une décision quelconque, lorsqu’un bruit d’avirons se fit entendre au dehors.

Une embarcation fut hélée par le factionnaire