Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/44

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défilait en bon ordre, poussée par une assez forte brise du large.

Bientôt on vit les navires évoluer gracieusement, en laissant légèrement arriver sur bâbord ; un signal, aussitôt répété par les autres bâtiments, fut hissé à bord du vaisseau amiral : soudain, toutes les voiles furent amenées et carguées à la fois ; on entendit le bruit sourd des chaînes glissant dans les écubiers ; les équipages s’élancèrent dans les haubans, couvrirent les vergues, et, en un clin d’œil, les voiles furent serrées, les vergues carrées avec une précision mathématique ; l’escadre était mouillée sur deux lignes, à tribord et sur le même plan que l’escadre précédemment arrivée.

Quelques minutes plus tard, le vaisseau amiral salua la ville de vingt et un coups de canon, salut qui lui fut immédiatement rendu par les batteries de Cadix, coup pour coup.

Bientôt plusieurs canots se détachèrent des flancs des bâtiments de l’escadre ; les amiraux, les commandants et les états-majors des divers navires allaient faire leur visite officielle aux autorités de la ville.

La toilette des bâtiments terminée, leurs équipages, groupés sur l’avant ou penchés aux sabords, ne pouvant descendre à terre, examinèrent curieusement la baie, et surtout Cadix, que bien peu connaissaient, et où, selon toutes probabilités, ils se promettaient in petto de se divertir à cœur joie, si l’escadre restait longtemps au mouillage.

Un mois de solde avait été payé quelques jours auparavant aux équipages : l’argent brûlait toutes les poches ; on avait hâte de le dépenser en orgies