Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/55

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sitôt réprimé, à l’instant où les lanchas abordèrent le vaisseau ; ces lanchas, fort grandes, portaient des voiles en ciseaux, comme les chasse-marées ; ces voiles furent amenées avec force cris et jurons ; enfin les lanchas se rangèrent en file, les unes derrière les autres, et l’embarquement des pièces vides commença.

Une lancha plus grande que les autres était venue, soit par hasard, soit autrement, se placer tout près du tangon, et se trouvait ainsi bord à bord avec les embarcations du Formidable.

Tout à fait à l’arrière de cette lancha, il y avait une barrique sans doute oubliée, allongée à tribord, et dont une partie disparaissait sous les bancs.

Tandis que chacun s’occupait activement de sa besogne et que tous les regards étaient tournés d’un autre côté, une ombre noire apparut dans le petit canot du vaisseau, se pencha avec précaution, passa du canot dans la lancha espagnole, rampa vers la barrique dont nous avons parlé, et disparut subitement, comme si elle se fût enfoncée dans une trappe.

Au même instant une voix forte, celle du quartier-maître Ivon Lebris, cria en espagnol du haut du bastingage :

— Ohé, de la lancha ! que faites-vous là près des canots du vaisseau ? pomoyez-vous sous la vergue de grand’voile ; c’est à vous à charger.

Muy bien, señor, répondit le patron de la lancha, et, se retournant vers ses hommes groupés à l’avant la cigarette à la bouche : Voya pues muchachos, ajouta-t-il : adelante !