Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/62

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— Moi ! le patron Galeano ; venez !

Carlos, nous le nommerons ainsi désormais, s’élança dans la direction de la voix ; bientôt il aperçut une charmante balancelle, près de laquelle se tenait le patron Galeano.

— Vous dormiez donc ? dit celui-ci je vous ai appelé plusieurs fois sans que vous me répondiez ?

– Je ne dormais pas, mon ami, je songeais ; je suis libre depuis une heure à peine, et je suis resté si longtemps esclave !

— C’est vrai ; c’est bon d’être libre ; embarquez, señor ; le vent est pour nous ; avant une heure nous serons à Cadix.

Le jeune homme sauta dans la balancelle.

Cinq minutes plus tard, la mignonne embarcation filait sur le dos des lames avec la rapidité d’une mouette pendant l’orage.

Les deux hommes étaient silencieux ; don Carlos était retombé dans ses réflexions ; le patron Galeano fredonnait à demi-voix en fumant son éternelle cigarette.

La lune se leva.

Ce fut comme un changement de décorations à vue ; la baie prit subitement un aspect féerique.

— Que c’est beau ! murmura le jeune homme avec ravissement.

— Oui, répondit le patron regardez un peu de côté, je vous prie.

— Le Formidable ! s’écria le jeune homme d’une voix profonde.

La masse sombre et colossale du vaisseau se profilait à une portée de pistolet de la balancelle.