Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/84

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— Pas tout à fait, répondit l’amiral en souriant : le mot jamais est écrit en toutes lettres dans la dépêche secrète que j’ai reçue à votre sujet ; mais je ne veux pas me montrer trop exigeant : j’accepte les dix ans ; d’ici là, qui sait si les motifs de votre exil existeront encore.

– Hélas ! murmura tristement le jeune homme.

— Bon ! il se passe bien des choses en dix ans. Je n’ai pas voulu faire les choses à demi ; il y a dans votre histoire, dont j’ignore le premier mot, quelque chose de mystérieux et de sombre qui m’intéresse malgré moi ; Ivon Lebris, votre ami, a été pris pour le service en même temps que vous ?

— Oui, amiral, c’est mon ami le plus ancien ; je dirais le plus dévoué, si M. Maraval n’était pas près de moi.

— Je sais cela encore, reprit l’amiral en souriant : je ne veux pas vous séparer ; l’exil pèse lourdement sur les épaules quand on est seul à le subir. Usant des droits attachés à mon commandement supérieur, j’ai congédié Ivon Lebris ; il a son congé dans sa poche, cela l’empêchera de déserter. Je connais les Bretons, je suis de Quimper ; Lebris se serait plutôt jeté à la mer que de rester à bord. D’ailleurs, Oreste a besoin de Pylade, je vous le rends. Et maintenant, ajouta-t-il en tendant la main au jeune homme avec un charmant sourire, y a-t-il autre chose que je puisse faire pour vous, mon jeune ami ?

— Monsieur l’amiral, répondit Olivier avec sensibilité, je suis confus de tant de bonté ; je ne sais comment vous exprimer ma reconnaissance. Je vous prie de me pardonner ce que ma conduite a eu d’étrange, presque de sauvage pendant tout le